Four elements / 2010
Série de 6 photographies. 120x180cm
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaitre et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. Antonio Gramsci, Le cahier de prison.
Tout génocide comprend 4 éléments : élites, idéologie, organisations et exécuteurs. Je suis me rendu en Bosnie comme je me suis rendu au Cambodge. Je tentais d’appréhender certaines conduites humaines : comment la violence, s’articule, se combine et se transforme. Comment elles motivent, modifient ou au contraire inhibent d’autres conduites nées, elles, des impératifs de la raison ou de la culture. En 2010, en Bosnie-Herzégovine, je me suis rendu dans six lieux liés à l’histoire de la guerre : camps de concentration, d’extermination, villages saccagés, anéantis ; et partout le viol appliqué méthodiquement comme un instrument de nettoyage ethnique pour détruire, briser physiquement et psychologiquement les populations. La verge, comme instrument, pour faire plier, anéantir femmes, hommes et enfants. Le sexe masculin comme arme de destruction massive. Dans mes images je pensais, de part ma corpulence, placer mon corps dans la posture du bourreau. Quand je ressortais les négatifs deux années plus tard, c’était l’image d’un corps prostré, abimé, celle de la victime qui semblait surgir. Le même outil, métamorphe, pour servir des intérêts contraires. Ce même corps que j’ai mis en scène sous forme d’autoportrait pour nous rappeler que la victime et le bourreau sont indissociables, qu’ils se tiennent - dans la pénombre - la main.
Serie of 6 photographs. 120x180cm
«The old world is dying, the new world is slow to appear and in this chiaroscuro the monsters arise.» Antonio Gramsci, Le cahier de prison.
All genocides focus on 4 elements: elites, ideology, organizations, and implementers. I came to Bosnia like in Cambodia. I tried to apprehend certain human behaviors: how violence, is articulated, combines and is transformed. How they motivate, modify or on the contrary inhibit other born behaviors, them, imperatives of the reason or the culture.
In 2010, in Bosnia and Herzegovina, I went in six different places related to the history of war: concentration and extermination, ransack villages and everywhere rape applied methodically as an instrument of ethnic cleansing to destroy, physically and psychologically destroy populations. The dick, as an instrument to bend, destroys women, men and children, the sex as a weapon of mass destruction. In my images I thought, because of my build, to place my body in the posture of the executioner. When I pulled out the negatives two years later, it was the image of a prostrate, damaged body, that of the victim that seemed to arise. The same tool, metamorphic, to serve contrary interests. This same body that I staged as a self-portrait, to remind us that the victim and the executioner are inseparable, that they hold each other - in the dark - their hands.